Il s'appelle Girard et mène une vie parisienne assez peu enviable, entre son travail routinier à la banque et une épouse aux allures de mégère. Un soir, Girard met à exécution le plan qu'il préparait secrètement depuis des années. Il sort de chez lui, son cigare entre les lèvres... pour ne plus revenir. Il va s'installer dans un petit hôtel, et dès le lendemain, il rase sa barbe, s'achète des lunettes, change de style vestimentaire et de nom, s'invente un personnage d'aventurier. Il a avec lui un joli paquet d'économies et pense quitter la France. Mais il se fait rapidement à sa nouvelle vie, une vie de patachon ponctuées par les bons repas, quelques conquêtes féminines, la découverte d'une monde nouveau, celui du Montparnasse artiste des Années Folles. Il s'installe dans un atelier d'artiste, se met à la peinture. Au bout d'un certain temps, toutefois, Girard commence à se fatiguer de son existence factice et à avoir la nostalgie de son ancienne vie. Il se met à rencontrer de nouveau des "vrais gens", joue à la belote dans les cafés, et le jour où il découvre dans le journal qu'on croit avoir retrouvé dans la Seine son corps, identifié par sa femme Henriette, c'en est trop. Il éprouve le besoin de revoir Henriette. Il l'épie, se décide à l'aborder et, peu à peu, il réussit à la séduire. Jusqu'au soir où il la reçoit chez lui, de nouveau barbu, de nouveau vêtu de son austère uniforme de banquier. Son épouse le reconnaît, partagée entre l'incrédulité et la joie, et elle se met aussitôt à le houspiller pour une histoire de parapluie mouillé. Girard retrouve sa mégère, et il est fou de bonheur. La boucle est bouclée.
Ce roman publié en 1933 aux éditions Émile-Paul est mené tambour battant. C'est amusant, ponctué de scènes et de tableaux très réussis. On connaissait Eugène Montfort pour avoir été le premier directeur de la Nouvelle Revue Française, pour sa petite revue les Marges et pour son Vingt-cinq ans de littérature française, tableau de la vie littéraire de 1895 à 1920, qu'il fit paraître à la Librairie de France, dans les années 1920 - une somme parfois discutable dans son propos et ses positions, mais impressionnante par son ambition. Bref, on voyait en Montfort quelqu'un de sérieux, voire austère. D'où notre surprise à la lecture de ce roman (il en a écrit beaucoup d'autres) au ton et au propos très légers. Pour ne rien gâter, la couverture est très réussie, tout comme le bandeau qui entourait ce livre neuf, jamais coupé, acheté pour un euro :
Je l'aurais acheté rien que pour le bandeau. Et l'emploi désuet de "rêver" au mode transitif direct.
RépondreSupprimerSans parler des points de suspension, lourds de sous-entendus...
RépondreSupprimerVieux rats
RépondreSupprimerQuelle déveine que de voir revenir un mari...
RépondreSupprimer@ loulia : tout à fait d'accord.
RépondreSupprimer@ Alice : dans le roman, en tout, cas la "veuve" est ravie de retrouver son souffre-douleur favori.