Quelques dédicaces - Marcel Batilliat





commentaire : on a gardé un assez bon souvenir de cette (lointaine) lecture, oeuvre d'un auteur inspiré à ses débuts par la littérature symboliste et décadente de la fin du XIXe, mais aussi par Zola, dont il fut un ami proche. Il fut du reste à l'origine de la création des amis d'Émile Zola. Pour l'anecdote, il fut aussi président de l'Académie de Versailles, maire adjoint de la ville, et membre du comité de la société des Gens de Lettres. Bref, une de ces personnalités périphériques de la littérature, sans qui cette littérature ne serait justement pas ce qu'elle est, et attachantes parce que vouées à l'obscurité d'une postérité ingrate. Ses premiers livres furent édités au Mercure de France, à commencer par le premier, Chair Mystique, qui ne passa pas inaperçu. Remy de Gourmont en glisse deux mots dans Le Livre des Masques - au sein de la notice consacrée à Pierre Louÿs :
"Il y a en ce moment un petit mouvement de néo-paganisme, de naturisme sensuel, d’érotisme à la fois mystique et matérialiste, un renouveau de ces religions purement charnelles où la femme est adorée jusque dans les laideurs de son sexe, car au moyen de métaphores on peut adoniser l’informe et diviniser l’illusoire. Un roman de M. Marcel Batilliat, jeune homme inconnu, est peut-être, malgré de graves défauts, le plus curieux spécimen de cette religiosité érotique que des cœurs zélés se donnent pour songe ou pour idéal ; mais il y eut une manifestation fameuse, l’Aphrodite de M. Pierre Louys, dont le succès étouffera sans doute d’ici longtemps, comme sous des roses, toutes les autres revendications du romanesque sexuel."
On peut aussi trouver une critique de Chair Mystique signée René Ghil chez Livrenblog. Il s'agit d'un livre étrange, une transposition décadente et morbide du mythe de Tristan et Iseut. L'héroïne, phtisique, est un femme très sensuelle. Son amant et elle vivent une liaison torride. Jusqu'au jour où la tuberculose commence de miner la jeune femme. L'amant cherche d'abord à s'éloigner d'elle, pour ne pas l'épuiser, mais l'appel de la chair est trop fort. Et assez vite, il se met à goûter, si l'on peut dire, les "étouffantes glaires muco-séreuses", qu'il compare à de "presque fluides opales enchâssant de minuscules brins de coraux." Lui-même va contracter la tuberculose, et tout se terminera tragiquement... Redécouvrons Marcel Batilliat.

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