Maurice Chanteloup - La Maison du mystère



On poursuit notre recherche de fascicules et romans policiers parus entre 1940 et 1944, où serait évoquée, de quelque façon que ce soit, l'occupation allemande. Jusque-là, rien, hormis le Jeu du plus beau crime, dont a déjà parlé ici. Et puis, dans La Maison du mystère de Maurice Chanteloup (publié en 1944 dans la collection "Policier"), on a trouvé ce dialogue qui nous a laissé songeur. Le "il" désigne le commissaire Leroux, chargé d'une affaire de double-meurtre : celui d'un rentier et de sa gouvernante.


Il avait à peine quitté le commissariat qu'un homme grisonnant, vêtu d'un pardessus brun trop long et d'un chapeau melon trop petit s'y présenta. Il portait lunettes d'écailles, avait le nez fort long et fumait une énorme bouffarde.
Reçu par Leroux, il sortit aussitôt de sa poche une lettre qu'il déposa sur la table en disant :
- De la part de M. Cherrier, neveu de feu le rentier assassiné, dont j'étais l'ami. Ce neveu que j'ai connu tout enfant, étant souffrant en Algérie, ne pourra faire le voyage de France que dans un mois environ et me charge, me sachant détective amateur, de collaborer avec vous pour la recherche de la vérité.
Le commissaire fronça les sourcils et, sans mot dire, prit la lettre.
Le neveu du défunt le priait en effet de vouloir bien donner toutes facilités à son vieil ami M. Lérot afin qu'il pût, sans gêner les investigations de la police officielle, enquêter discrètement dans le voisinage et faire des recherches dans la maison.
- En somme, dit Leroux, c'est une collaboration que vous m'offrez ?
- C'est cela même.

Ce neveu en Algérie (où se trouvait le gouvernement provisoire de la France), ce mot "collaborer" utilisé deux fois... n'y aurait-il pas là quelques allusions à la situation du pays ? On a très envie de le penser. D'autant que le "collaborateur" se révèle être le "méchant", le commanditaire du meurtre...

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