Jimmy Scott - Slave to Love




commentaire : on a ressorti les cd de Jimmy Scott des rayonnages où ils sommeillaient depuis des années en préparant l'édition des Chroniques du dance floor. Ce chanteur unique y est chroniqué par deux fois, pour son album All The Way (1994), avec lequel beaucoup de gens l'on découvert, et pour Holding Back the Years (1999), dont est extrait ce Slave To Love déchirant. On reproduit la chronique que fit alors paraître Didier Lestrade.

Jimmy Scott est un trésor international. Né en 1925, il est un dinosaure à plusieurs points de vue, et sa musique est un incompréhensible melting-pot de blues, de soul, de jazz et de torch song. Le fait qu’il soit réapparu en 1992 après des décennies d’errances et de projets avortés a été vu par beaucoup comme une des rares preuves de justice dans un showbiz qui n’a aucune sorte de clémence pour les artistes marginaux. Et ce troisième album depuis sa résurrection est tellement beau qu’on ne sait si c’est un disque de fond sonore ou si, au contraire, il s’agit d’un de ces albums qu’on écoute seconde après seconde, tant la voix et les arrangements sont inventifs. À travers des morceaux célèbres qui viennent de tous les horizons, Jimmy Scott montre son art en transformant littéralement des mélodies qu’on croyait connaître par cœur comme Jealous Guy de John Lennon ou Nothing Compares 2 U de Prince. La façon dont Scott lance ses notes, à mi-chemin entre le murmure et le cri plaintif, misérable, grandiloquent, est complètement balancée par l’incroyable simplicité des arrangements : un piano, une basse, une guitare, une minuscule batterie, comme lors de ses passages sur scène. Et quand il reprend Holding Back The Years de Simply Red, on a l’impression que cette chanson est toute sa vie, à la fois riche et malheureuse. Ce qui est fantastique avec ce chanteur, c’est l’aspect cosmopolite de son charme : ce disque peut être écouté par tout le monde, des prolos aux super bourges, des jeunes aux très vieux. C’est un des rares exemples de produit de masse qui ne le sera jamais. Investissez dans le bonheur.
(Samedi 3 et dimanche 4 juillet 1999)

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