Le jour où WB devint GD




commentaire : on a deux trois caisses bourrées de ces objets volés au temps - en quelque sorte - dans lesquelles on va épisodiquement fouiner et tomber au gré du hasard sur tel ou tel moment du passé. Des boîtes de madeleines, si l'on veut - mais des boîtes qui contiendraient chacune des centaines de madeleines en papier... On a ainsi retrouvé ce week-end quelques exemplaires de la feuille que publia au milieu des années 90 l'original Jean-Luc Dorchies, publication dans laquelle il photographiait son entourage et ses amies en s'inspirant de la vie des saints. William Baranès, que l'on connaissait depuis assez peu, se prêta au jeu. Deux ans plus tard, il publiait son premier roman, Dans ma chambre, sous le pseudonyme de Guillaume Dustan...



Saint Dustan de Cantorbery


Dustan ou Dunstan est une grande figure de l'Eglise d'Angleterre du Xème siècle. Archevêque de Cantorbery, conseiller et confesseur de deux rois, Edmond et Edgar, il travailla activement à maintenir les vertus de la religion chrétienne dans un monde féodal somme toute encore assez barbare. Avant même sa naissance, la lumière divine se manifesta, annonçant ainsi qu'il avait été choisi par Notre-Seigneur pour éclairer le monde de la lumière de sa sainte vie et de sa doctrine, parce qu'à la procession qui se fit le jour de la Chandeleur, où les parents de Dunstan se trouvèrent dévotement, encore qu'il ne fit aucun vent ni tempête, toutes les chandelles que l'on y portoit furent éteintes en un instant, et pendant que chacun s'étonnoit d'une telle nouveauté, une flamme descendit du ciel, qui ralluma le flambeau que la mère de Dunstan portoit (étant alors enceinte de lui), et les autres allumèrent leurs cierges au sien, ce qui leur fit connoitre qu'elle accoucheroit d'un fils qui seroit la lumière du monde. (R. P. Ribadénéira, Les Vies des saints et fêtes de toute l'année).
Adolescent, Dustan décida d'abandonner les choses de la terre, entrant en religion au couvent de Glastonbury, dédié à la très sainte Vierge (Rib, op cit). Il en sortit pour devenir le conseiller du roi Edmond qui le disgracia très vite. La trop grande exigence de Dustan ne cessait de lui attirer des ennuis. On essaya plusieurs fois de le supprimer ; à chaque fois il fut sauvé par la grâce divine qui prenait des formes variées, notamment celle d'une multitude de dogues venus le délivrer. À Edmond succéda Édouin, homme voluptueux et dont Dieu se servit comme d'un fléau pour affliger tout le royaume. Dustan s'oppose de toute sa force à ce pécheur qui partageait sa couche avec une dame et sa fille. Dustan fut contraint de s'exiler en Flandre. Il retourna en Angleterre lorsque Edgar succéda à son frère Édouin. Le nouveau roi, plus vertueux que son frère, s'attacha les services de Dustan qui s'employa, d'une main de fer, à rétablir l'ordre dans le royaume. Dustan accomplit de nombreux miracles et résista à toutes les tentations. Ainsi, il attrapa par le nez, au moyen d'une pince rougie par le feu, un démon qui ayant pris la forme d'un contradicteur était venu le visiter.
C'est cet acte édifiant et photogénique que nous avons choisi de représenter sur la photo qui met en scène William Baranès en saint Dustan opposé à sa propre effigie diabolique. À la demande du modèle, une première photo de son profil à été faite, agrandie, détourée et intégrée à la photo finale. (???) a accepté de porter le profil de William qui, vêtu en évêque (housse de couette, écharpe et mitre en papier), tient enserré dans une pince d'électricien son propre nez. A la gauche de saint Dustan, un bras (le bras d'un ami de William) tenant un cierge allumé entre dans le cadre, référence à l'épisode de la Chandeleur survenu avant la naissance du saint. La séance qui a eu lieu au domicile de William Baranes, dans le quatrième arrondissement à Paris, s'est déroulée dans une ambiance conviviale et chaleureuse, autour d'une coupe de champagne.

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