Vladimir Nabokov - Apostrophes



Bernard Pivot : Bonsoir, Vladimir Nabokov. Nous sommes très heureux de vous accueillir sur le plateau d’Apostrophes, et nous savons quelle faveur rarissime vous nous avez accordée. Alors, je vais poser tout de suite la première question : il est 21 heures 47 minutes 47 secondes. D’habitude, Vladimir Nabokov, que faites-vous à cette heure-ci ?

Vladimir Nabokov : À cette heure-ci, monsieur, je suis sous mon édredon, avec trois oreillers sous ma tête, en bonnet de nuit, dans ma modeste chambre à coucher - qui me sert aussi de cabinet de travail - ; une lampe de chevet bien forte, le phare de mes insomnies, brûle encore sur ma table de nuit, mais sera éteinte dans un moment. J’ai dans ma bouche une pastille de cassis et dans mes mains un hebdomadaire de New York ou de Londres. Je le mets de côté, j’éteins, je rallume en jurant doucement pour fourrer un mouchoir dans la pochette de ma chemise de nuit. Et maintenant, commence le débat intérieur : prendre ou ne pas prendre un somnifère. Quelle est délicieuse, la décision positive.


commentaire : Apostrophes (n°21) du 30 mais 1975, entièrement consacrée à Nabokov, de passage en France pour la traduction Française de son Ada. La suite sur le site de l'INA.

Commentaires

  1. "Souffrant d'insomnie, j'échangerais un matelas de plumes contre un sommeil de plomb." c'est pas Nabokov, c'est Pierre Dac qui l'a dit. Tout ça pour dire que Dieu! comme on les comprend ces deux là!

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  2. Si j'osais, je dirais que les grands esprits se rencontrent...

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