La Vampire de Philip Burne-Jones et Rudyard Kipling








commentaire : Fils d'Edward Burne-Jones, Philip Burne-Jones n'aura pas connu la même postérité que son père, même s'il fut en son temps un peintre reconnu dans les milieux bourgeois et mondains, notamment grâce à ses portraits. La cruauté du destin veut aussi que son oeuvre la plus célèbre, The Vampire, ait disparu - détruite, peut-être, jalousement cachée par un particulier, oubliée dans un grenier, une cave, voire les réserves d'un musée. Ce tableau exposé à Londres en 1897 (qui est incidemment l'année de la parution du Dracula de Bram Stoker) fut remarqué, loué, avant de déclencher un scandale (une polémique, dirait-on aujourd'hui) quand on s'avisa que la "vampire" du tableau ressemblait fortement à Beatrice Stella Tanner (Mrs Patrick Campbell), une actrice de l'époque avec qui Philip Burne-Jones avait eu une aventure. Les choses s'étant mal passées, on vit dans le tableau non seulement une vengeance, mais aussi une évocation peu flatteuse pour l'actrice de cette relation difficile. De là à imaginer que Mme Patrick Campbell n'est pas pour rien dans la disparition de l'oeuvre introuvable de son ancien amant...
L'histoire ne s'arrête toutefois pas là, puisque Rudyard Kipling, cousin de Burne-Jones, écrivit un célèbre poème (The Vampire) inspiré par le tableau. Le tableau et le poème inspirèrent à leur tour Porter Emerson Browne, un auteur américain qui créa en 1909 une pièce de théâtre, A Fool There Was (1909), laquelle pièce donna naissance six ans plus tard à un film, A Fool There Was (ou Embrasse-moi idiot en France...). On y découvrait dans le rôle principal une certaine Theda Bara, qui grâce au film devint une vedette du jour au lendemain. C'est aussi ce film que vient le mot vamp - cette femme fatale, belle, séductrice, généralement perverse, dénuée de scrupule et destructrice (soit le sens que Burne-Jones et Kipling entendaient donner au mot vampire) - qui devait connaître une belle carrière dans la première moitié du XXe siècle. 


 



The Vampire, Rudyard Kipling

A fool there was and he made his prayer
(Even as you or I !)
To a rag and a bone and a hank of hair,
(We called her the woman who did not care),
But the fool he called her his lady fair--
(Even as you or I !)

Oh, the years we waste and the tears we waste,
And the work of our head and hand
Belong to the woman who did not know
(And now we know that she never could know)
And did not understand !

A fool there was and his goods he spent,
(Even as you or I !)
Honour and faith and a sure intent
(And it wasn't the least what the lady meant),
But a fool must follow his natural bent
(Even as you or I !)

Oh, the toil we lost and the spoil we lost
And the excellent things we planned
Belong to the woman who didn't know why
(And now we know that she never knew why)
And did not understand !

The fool was stripped to his foolish hide,
(Even as you or I !)
Which she might have seen when she threw him aside--
(But it isn't on record the lady tried)
So some of him lived but the most of him died--
(Even as you or I !)

And it isn't the shame and it isn't the blame
That stings like a white-hot brand--
It's coming to know that she never knew why
(Seeing, at last, she could never know why)
And never could understand!'

Commentaires

  1. C'est très intéressant, merci !

    J'étais allée voir l'année dernière (un an déjà) au Musée d'Orsay " Balade d'Amour et de Mort" ( mon musée préféré, je crois), oui donc l'expo sur les préraphaélites, j'ai toujours trouvé ça très onirique et Romantique ce mouvement, j'avais particulièrement flashé ( oui moi je flashe souvent, hihihi) sur le modèle photo Janes Morris, oui des photos et particulièrement les photos m'ont toutes fait flasher et vraiment cette femme Janas Morris au physique si particulier et moderne pour l'époque ! Quelle merveille.
    Ahhh ses British, c'est la classe quand même ...

    Et oui une sacrée personnalité cette Theda Bara et quelle gueule ! Je l'avais découverte y a quelques années quand je me passionnais pour des actrices qui ont du charisme et des femmes d'autrefois ( des vamps et femmes fatales, justement) car c'est pas pour dire mais ça manque,du moins c'est mon avis à part bien sûr quelques unes mais là ne me viens pas de nom, c'est dire ! Mais elles sont jolies les filles de mon pays ...

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