Emplettes



commentaire : c'est l'histoire d'un scénariste pour la télévision qui décide au milieu des années 1970 de surfer sur le succès mondial de la sulfureuse Xaviera Hollander. Il invente ce Grant Tracy Saxon, gigolo bisexuel (Grant pour les hommes et Tracy pour les femmes…) dont il imagine les aventures  très libre - le bouquin est assez porno. Un certain Michael Kearns, acteur de seconde zone, discrètement gay (afin de ne pas nuire à sa carrière) accepte sans trop réfléchir de prêter son visage pour incarner Saxon. Il va même apparaître dans quelques émissions télévisées. Le livre est un succès, mais une catastrophe pour la carrière de Kearns. Plus de détail ici, pour ceux que cela intéresserait.



Contenu sans grand intérêt (du moins à nos yeux), mais la couverture de ce livre de 1972 est assez réussie.




Derrière ce très beau titre se cache une entreprise étrange : livrer un catalogue - dictionnaire, du moins - de la “noblesse d'apparence”, c'est-à-dire des familles qui portent un nom, parfois un titre, parfois encore les deux, leur conférant une apparence aristocratique… alors qu'elles n'appartiennent pas à la noblesse.






On ignore qui est ce “J.A.C.” Quelqu'un des éditions Corréa, chez qui le livre fut publié en 1948 ? Et donc, peut-être, Jean Chastel ?




Une histoire assez extraordinaire - on n'a pas encore lu le livre, mais il promet. L'auteure est la fille de Xavier Ruel, fondateur du BHV. Née en 1854, elle se marie en secondes noces au peintre Alfred Becker. Le couple aura deux filles, Yvonne et May, qui vont épouser à quelques années d'intervalle deux frères, Paul et Henri Lillaz. Lesquels vont - avec la complicité de leurs épouses, apparemment - vouloir se débarrasser de leur belle-mère, veuve, pour profiter pleinement de son immense fortune. Elle est enlevée, internée dans une maison de repos, dont elle s'échappe, puis “interdite” par une espèce de conseil familial, épaulé par des médecins, qui la fait passer pour instable et la dépossède de ses droits et de sa fortune. Le livre, publié en 1923, fut saisi à la demande des gendres de l'auteure. Il y eut une nouvelle édition en 1928.










Les petits-enfants d'un bibliomane soldaient à un euro une petite centaine de livres de la bibliothèque de leur grand-père, une bibliothèque où il était beaucoup question de sexe… On avoue qu'on ignorait ce qu'était la saliromanie et l'algolagnie.







L'édition originale du Lourdes, lentes… d'André Hardellet, publié sous le pseudonyme de Steve Masson (héros du Seuil du jardin). Un court chef-d'oeuvre qui n'eut aucun problème chez Pauvert… mais en connut chez Régine Deforges, qui le publia en même temps dans une édition reliée et numérotée dans sa Bibliothèque privée contemporaine de L'Or du Temps. Deforges et Hardellet furent condamnés pour outrage aux bonnes mœurs, et le livre saisi (et détruit). Hardellet mourut l'année suivante, en 1974.



Une réjouissante trouvaille, pour au moins deux raisons. D'abord, ce livre est une supercherie. Dépité par la médiocrité des ouvrages qui occupaient la tête des meilleurs ventes de livres aux États-Unis (fin des années 60-début des années 70), un journaliste décida d'écrire un roman aussi exécrable que possible, tant dans le fond que dans la forme, pariant qu'en le saupoudrant de ce qu'il fallait de sexe, il trouverait un éditeur et ferait même un succès. Le livre fut écrit par 24 auteurs, 19 hommes et 5 femmes, chacun se chargeant d'un chapitre. La directive était d'être le plus mauvais possible. On raconte que certains des chapitres durent être revus… car pas assez mauvais. Mike McGrady, l'initiateur du projet, avait vu juste : son livre fut publié et connut le succès, qui se prolongea même après que certains des auteurs furent avoué le canular.
Si le livre est sans doute à peine lisible, la jaquette de l'édition française se signale par une jolie trouvaille : elle a un recto et un verso, à choisir selon que vous avez ou non “peur de moquer votre voisin”. Très drôle.



Commentaires

  1. Vous êtes donc un partisan de l'atroce "auteure" ?

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    1. Partisan, n'exagérons rien, mais c'est toujours mieux qu'autrice ou écrivaine, voire auteresse, non ?

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    2. C'est marrant mais dans auteresse j'entends quelque chose de l'insecte, genre sauterelle mais aussi "hautes tresses", façon parure de l'actuelle Fifi Brin d'Acier des Marches à Grimper pour le Climat... enfin rien de bien littéraire au final ! Sinon autrice ? Mais là c'est "on s'trisse" qui me vient aussitôt à l'esprit, l'espoir étant dans la fuite. Mais bon ce qui pourrait nous consoler au final c'est que "l'étrangère est (soit ?) arrivée nue" et qu'on en demandait pas tant à Pénélope A.... comme "auto-entrepreneuse dans le domaine de l'écriture" !

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  2. "... mais c'est toujours mieux qu'autrice ou écrivaine, voire auteresse, non ?"
    Eh bien, non. Le féminin d'auteur est évidemment autrice (qui existe depuis longtemps, même s'il a été oublié). Danseur, danseuse ; acteur, actrice (et non pas danseure, acteure). C'est tout de même pas compliqué. Enfin, jusqu'à très récemment, personne ne trouvait ça compliqué...
    Quant à "écrivaine", je ne vois pas où est le problème.

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  3. http://susauvieuxmonde.canalblog.com/archives/2019/05/29/37390471.html

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