Jean-Pierre Montal - Nous autres



commentaire : Nous autres, de Jean-Pierre Montal, est sorti il y a un mois tout juste. On voulait en acheter un exemplaire pour l'apporter ce soir à ce petit dîner désormais traditionnel où chaque invité vient avec le livre de son choix et repart avec un livre apporté par un autre. Saisi d'un vague pressentiment, on a jeté un coup d'oeil au très utile site Paris Librairies (ici) qui permet de savoir en temps réel où trouver tel ou tel livre. Les libraires eux-mêmes l'utilisent beaucoup. On a donc cherché où l'on pouvait trouver le livre de JPM, pour découvrir avec stupeur que seulement six des 156 libraires parisiens présents sur le site seulement l'avaient en stock. Six. C'est peu, très peu, ridicule. Et la raison, la principale raison, est idéologique : beaucoup de libraires ne prennent pas les livres des éditions Pierre-Guillaume de Roux en raison de l'image (et des positions ?) droitière de l'éditeur. 
Voilà comment cet impressionnant recueil de nouvelles, drôle et mélancolique, pour ne pas dire crépusculaire, souvent poignant, glaçant par sa justesse, se retrouve au placard ou presque. On y retrouve certes les “échos de nouvellistes américains” comme John Cheever ou Fitzgerald, mais aussi des petites notes modianesques, houellebecquiennes et, surtout, la musique de Jean-Pierre Montal, cet art de photographier des vies entières en moins de dix pages, de dynamiter en deux paragraphes les travers du monde contemporain, de convoquer, l'air de rien, Philippe Muray, Todd Rudngren ou Jean-Pierre Melville (la nouvelle 25bis, rue Jenner). La quatrième de couverture ne parle pas de la nouvelle intitulé Le Son, terrifiante, qui ferait un magnifique départ de film ou de série et nous a laissé une impression tenace. Lisez Nous autres.
PS : À partir de mardi prochain, notre libraire (17, rue de Joua, dans le 4e arrondissement) fera partie des 7 adresses où le livre est disponible. 


Commentaires

  1. Merci, je ne savais pas qu'un nouveau Montal était sorti...

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  2. C'est noté.
    Quant à l'attitude des libraires majoritaires : affligeante.

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  3. Merci. Sans vous, je n'en aurais pas entendu parler.

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  4. Nancy (54). Le Hall du Livre : un sous sol, un RdC + 2 étages, le tout entièrement dévolu aux livres. J'y ai trouvé le Montal. Il existe encore des librairies de confiance, où le métier de libraire s'exerce sans contraintes apparentes.

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    1. Oui, je connais : ils ont vraiment de la place. Le fait est que la production est si énorme, ridiculement énorme, qu'il est impossible à 99 % des libraires de prendre tout ce qui paraît. Ils doivent donc faire des choix. Que ceux-ci soient parfois plus idéologiques que littéraires est regrettable mais, après tout, si vous étiez libraire, peut-être seriez-vous tenté de laisser en priorité de côté des maisons dont la coloration politique ne vous plaît pas trop…

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    2. A Genève, l'excellente librairie Le Rameau d'Or mise avant tout sur le style sans exclusive. Cette option me semble pertinente. Si j'étais libraire, c'est la "ligne" que je m'efforcerais de tenir. (Les gros vendeurs n'ont pas besoin de niches d'excellence.)

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    3. En fait, il y a plusieurs façons d'exercer le métier de libraire. À une extrémité, il y a les partisans de l'intransigeance absolue : ne proposer / vendre que ce que l'on aime et veut défendre, en refusant tout compromis. Pourquoi pas ? Mais c'est oublier que la librairie est aussi un commerce, un commerce de proximité, situé dans un quartier ou une ville avec une identité propre à laquelle il peut être intelligent de s'ouvrir, quitte à faire des concessions. À vouloir imposer leur vision des choses, certains libraires effraient / découragent une certaine clientèle. Et je ne parle pas du décor lui-même, trop souvent austère, sans âme, ikeaisé, qui en décourage aussi plus d'un - je parle ici des lecteurs occasionnels, pas des gros “consommateurs” de livres…

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  5. Mais il est vrai qu'il est assez difficile, en librairie, d'arriver à seulement suivre (être bêtement au courant de) tout ce qui sort, la production étant plus que colossale et les présentoirs (y compris ceux nombreux du H du L) ont de la peine à tout accueillir... heureusement qu'il existe des blogs et autres pages sur le net qui alertent ("lanceurs d'alertes" ?), soyez en remercié(s).

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  6. Après avoir été rassuré par la probité de certains libraires, la deuxième bonne nouvelle venant avec l'achat du livre est d'apprendre qu'un "Blain-Maton" du même auteur est à paraître apparemment chez le même éditeur. Une année qui finit bien somme toute.

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    1. Toujours se méfier des "à paraître", mais je crois savoir que la chose est en effet bien avancée…

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