Arthur Larrue - La Diagonale Alekhine



commentaire : c'était il y a deux ans, et on avait eu un vrai coup de foudre pour le Orlov la nuit d'Arthur Larrue (voir ici), honteusement négligé par la presse. Et voici donc cette Diagonale Alekhine, avec là encore un titre avec un nom à consonance russe (qui évoque inévitablement la nabokovienne Défense Loujine…) Le patronyme, cette fois, est celui d'un légendaire joueur d'échecs, Alexandre Alekhine, né en 1892 en Russie et mort en 1946 au Portugal (Arthur Larrue a vécu plusieurs années en Russie et vit maintenant au Portugal…), personnage hors-norme, fascinant, génial et pathétique, autour duquel s'articule le livre, s'intéressant particulièrement à ses toutes dernières années, troubles et dramatiques, et très alcoolisées.  
Ça commence piano : après tout, il est question d'échecs, et il faut mettre les pièces en place, puis lancer le jeu. Il n'est pas innocent que la première partie, le premier quart du livre, s'intitule Ouverture… Et puis, brusquement, avec l'entrée dans la deuxième partie, Mittelspiel, et l'arrivée des nazis, badaboum ! on entre dans le vif du sujet — la partie est vraiment lancée. C'est brillant, virtuose, provocant. Arthur Larrue prend l'histoire à bras-le-corps, y injecte de la fiction, des hallucinations, des plongées dans les tréfonds de la psyché, du rire, des larmes… Le lecteur ne sait plus très bien où est le vrai, où est le faux, mais peu importe, ce qui importe c'est le plaisir jubilatoire qu'on éprouve à se laisser mener par une mécanique narrative imparable qui multiplie les registres, les clins d'oeil et les allusions, relisant l'histoire à travers le prisme des échecs. Pour faire vite, et tomber le travers des références, disons que La Diagonale Alekhine pourrait faire penser à un télescopage entre les Bienveillantes de Jonathan Littell et un roman russe à la Boulgakov, le tout mené par un Tarantino au mieux de sa forme.

Bref, on est toujours aussi fan d'Arthur Larrue.

Dérapons un peu, pour nous arrêter sur une énigme. Alors que la Diagonale Alekhine est sortie depuis plus d'un mois et demi, toujours pas le moindre article sur ce roman formidable, à la fois grand public et exigeant, qui se démarque clairement de la production éditoriale du moment. De quoi cette carence est-elle le nom, au juste ? On ne comprend pas. 





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