Emplettes

 

commentaire : il n'est pas en très bon état, mais il est enrichi d'un petit envoi de l'auteur, envoi à Bernard Barbey, plus connu dans l'histoire littéraire pour la passion amoureuse qu'il inspira à Mauriac dans les années 1920 que pour la dizaine de romans qu'il a publiés. 





On pensait à un livre de souvenirs. Lesdits souvenirs n'occupent en réalité qu'une part minime du volume. Le reste est composé d'inédits, poèmes et saynètes, d'intérêt variable, composés on imagine à l'époque du Chat Noir…





On a cherché pour découvrir qui se cachait derrière Vrille, l'éditeur de ce livre, dont le catalogue est assez étonnant. Et on a fini par tomber sur un nom : Évrard de Rouvre… qui se trouve être le traducteur du livre de Charles Lindbergh et qui figure également parmi les auteurs des “publications récentes” des éditions Vrille. Et c'est dans les pages disponibles librement sur Internet d'Un siècle de financement du cinéma de Didier Courtois Duverger (au Cherche-Midi) qu'on a trouvé un portrait de cet incroyable personnage : 

Esthète, touche-à-tout, l'unique fils d'Antoine de Rouvre est à la fois écrivain, peintre, galeriste, éditeur, mais aussi voyageur et collectionneur. Tout l'intéresse : les timbres, les minéraux, les œuvres d'art et les livres. Il se fera d'ailleurs construire un hôtel particulier rue Maspéro, dans le 16° arrondissement de Paris, avec un grand espace central et des petites galeries permettant d'accéder à trois étages de collections. Un petit Guggenheim avant l'heure. 
En 1945, Évrard, âgé de 21 ans, édite Vrille, une revue surréaliste qui réunit des œuvres « trop peu connues d'un public endormi dans le brouillard grisâtre de la propagande de l'entre-deux-guerres » : des textes de Bataille, Desnos, Michaux, Butor, et des illustrations de Domínguez, Ernst, Cocteau, Picasso, Dalí, Tanguy. Cette revue ne connaît qu'un seul numéro, mais Evrard de Rouvre conserve le nom en acronyme pour sa société d'édition : « Vente et représentation internationale de livres, librairies et estampes ». Il publie plusieurs livres d'art, dont il signe textes ou traductions : Tao-te-king, d'après Lao-Tseu, avec 17 burins originaux en couleurs de Ferdinand Springer (1952), puis Inanna, poème sumérien, avec des gravures originales de Terry Haass (1961). C'est aussi chez Vrille, maison aujourd'hui oubliée, qu'Évrard coédite avec son ami Gwenn-Aël Bolloré le dernier roman de Boris Vian, L'Arrache-cœur, refusé par Gallimard. Il sera d'ailleurs invité au mariage de l'écrivain avec Ursula Kübler, en 1954, comme en témoigne un faire-part récemment vendu à Drouot. Évrard traduit aussi les mémoires du célèbre aviateur Charles Lindbergh, Of Flight and Life (Les Ailes et la Vie), et écrit des livres de voyage sur des destinations lointaines (L'Empire du soleil, Grands Sanctuaires, Népal, Parures africaines...). 
Évrard voit du pays. Il vit plusieurs années au Mexique, où il fréquente Sonnery, le père d'Arielle Dombasle, collectionneur d'art précolombien. Il rapporte lui aussi des objets de ses voyages, qu'il expose et vend dans sa galerie d'art, au numéro 38 de l'avenue Pierre-1er-de-Serbie. Il arpente la France dans tous les sens et lance dans les années 1970 une collection de guides illustrés aux titres évocateurs (Châteaux forts et leurs trésors, Abbayes et cloîtres, Parcs nationaux et parcs régionaux, Les Plages et criques cachées, Les Torrents sauvages et sentiers fleuris...). Excentricité sympathique pour un homme à la tête d'une aussi belle fortune, il en écrit lui-même un certain nombre. 
Evrard s'essaye au cinéma, mais s'y intéresse surtout en tant qu'opportunité d'aventures et de voyages. Il rejoint ainsi Gwenn-Aël Bolloré à Las Palmas, en avion à hélice non pressurisé, pour y tourner un court métrage sur les îles Canaries.

On s'en tiendra là our l'extrait. On recommande d'aller voir ici les affiches de la quinzaine de séries B voire C ou D auxquelles Evrard de Rouvre participera en 1950 et 1960 - elles valent le coup d'œil ! La fin de sa vie fut apparemment plutôt consacrée à ses activités d'antiquaire. Il eut une fin, tragique, tout à fait raccord avec le reste de son existence : il aurait été assassiné par son valet de chambre. Une biographie de ce fascinant personnage s'impose ! 






C'est le premier des cinq livres de souvenirs que publia l'auteur, qui a aussi son actif pas moins de cinq romans, publiés entre 1945 et 1977.


On a déjà ce livre, mais il est ici en parfait état, et l'exemplaire est un des 1500 sur “papier chamois vélin affrêté” (on ignore ce que ce dernier mot signifie). Et puis, on ne se lasse pas de la calligraphie mallarméenne, notamment sur enveloppe et cartes de visite.  








Commentaires

  1. Bonjour,

    Je passe trop rarement sur votre blog et c'est dommage car lors de chaque visite, je découvre des perles ou des titres... singuliers. Ici, Bernard Barbey, un drôle de numéro - ou de pistolet - et plutôt remuant pour un citoyen suisse ! De lui je ne possède que son Journal de chef du secrétariat particulier du général Guisan durant la Seconde guerre mondiale. Après avoir consulté sa fiche sur l'encyclopédie suisse, j'ai appris qu'il avait reçu le Grand prix de l'Académie française en 1951 pour "Chevaux abandonnés sur le champ de bataille". Si un jour, vous le dénichez, je suis preneur. D'avance, merci et bonne continuation.
    Je vous laisse une adresse mail valide :
    reneclaude058@gmail.com

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  2. PS : Une recherche sur votre blog me rappelle que j'avais déjà déposé un petit commentaire sur B. Barbey.
    Ça fait redite... Bah ! C'est pas trop grave. ;) Toujours partant pour son "Chevaux abandonnés..."
    bien à vous

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