On a repris la lecture des Précieux de Bernard Faÿ - après le délicieux intermède que nous a offert le César Capéran de Louis Codet -, et un passage, dans le chapitre consacré à Claudel, nous a arrêté. Il y est question de Philippe Berthelot et d'un célèbre sonnet en "omphe" qu'il aurait écrit avec son frère Daniel. On a fini par retrouver le poème, assez réjouissant, qui joue sur des rimes improbables, voire impossibles, "triomphe" ayant la réputation (usurpée ou non) d'être le seul mot du français à ne pas posséder de rime.
Alexandre à Persepolis
Au-delà de l’araxe où bourdonne le gromphe,
Il regardait sans voir, l’orgueilleux Basileus,
Au pied du granit rose où poudroyait le leuss,
La blanche floraison des étoiles du romphe,
Accoudé sur l’Homère au coffret chrysogonphe,
Revois-tu ta patrie, ô jeune fils de Zeus,
La plaine ensoleillée où roule l’Enipeus
Et le marbre doré des murailles de Gomphe ?
Non ! Le roi qu’a troublé l’ivresse de l’arak,
Sur la terrasse où croît un grêle azedarac,
Vers le ciel, ébloui du vol vibrant du gomphe,
Levant ses yeux rougis par l’orgie et le vin,
Sentait monter en lui comme un amer levain
L’invincible dégoût de l’éternel triomphe.
Note : Philippe Berthelot (1866-1934) est ce qu'on appelait naguère une "éminence grise". Il fut en particulier secrétaire général du ministère des Affaires Étrangères, où il favorisa la carrière de Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Morand ou Saint-John Perse, qui lui succéda. Il fut une figure déterminante de la diplomatie française, politique mais aussi culturelle, au début du XXe siècle.
Un M. de Norpois avisé, en quelque sorte.
RépondreSupprimerLe mec, il était à domphe.
RépondreSupprimerDans la famille il y eut Marcellin Berthelot, dont les travaux rehabiliterent quelque peu l'Alchimie.
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