Emplettes

 

commentaire : on était déjà tombé sur un volume de cette collection de 24 volumes, qui proposent à chaque fois un texte de présentation du musicien, suivi d'une trentaine de pages de partitions pour piano ou piano et chant. Publiés au tout début des années 1930, les 24 titres étaient organisés en deux séries, la série Musique Classique et la série Musique Légère (qualification délicieuse qui mériterait d'être réhabilitée). Il n'y eut apparemment pas de suite.






Une espèce de classique, apparemment - ici dans sa première édition de 1954 -, et qui garde une certaine actualité à plus d'un titre.







Très belle maquette de couverture pour ce petit livre qui offre un aperçu assez complet de cette maison d'édition à la fois peu connue et mythique, et aussi très recherchée - pour les auteurs, mais aussi le graphisme des livres (avec, une fois de plus, un tout jeune Pierre Faucheux à la manœuvre).



Une curiosité : le deuxième livre de Gilles Deleuze, en tout cas le deuxième ouvrage auquel il a participé, publié en 1953. Il était alors enseignant à Orléans, au lycée Pothier. Il était donc inconnu. On a trouvé le témoignage d'un de ses élèves de l'époque, Alain Roger, et on se permet de reproduire le début de ce témoignage, assez réjouissant. 


Ses cours étaient très ardus, fondés sur une conception rigoureuse de la philosophie et de son histoire. En même temps, il était désopilant, et cette drôlerie lui valait l’adoration des hypokhâgneuses. Il arrivait, distant, impeccablement vêtu, costume sombre, chemise blanche, cravate noire. Il tenait, du bout de ses longs doigts, une petite serviette usagée, qu’il n’ouvrait presque jamais. Parfois, il sortait de sa poche une feuille de papier, qu’il dépliait soigneusement et gardait à la main, sans la consulter, improvisant son cours ou, du moins, donnant cette impression. La séance débutait ordinairement par une histoire drôle. Il lui était toujours arrivé quelque mésaventure, à Paris (où il habitait), à Orléans, ou dans le train. Je me rappelle celle-ci : 

On m’a volé ma valise… Une affreuse méprise… dans la navette des Aubrais… Alors, j’arrive à l’hôtel, j’ouvre ma valise et qu’est-ce que je trouve ? Des Colgate, des Palmolive, tout ça… Un représentant de commerce… Je le revois, si pressé… un gros monsieur… un Belge, je les reconnais, tous énormes, dans de toutes petites maisons… J’en suis malade… Comment voulez-vous que je fasse ma classe avec des dentifrices et des mousses à raser… D’un autre côté, le gros monsieur, le Belge, quand il va ouvrir sa valise… devant tous les clients… qu’est-ce qu’il va leur montrer… Zarathoustra ? C’est pas vendable, tout ça… J’en suis malade… Y’en a pas une, parmi vous, qui le connaîtrait ? Un gros monsieur, un belge, avec une petite valise… J’en suis malade… Enfin, je vais quand même essayer de vous faire cours sur l’Éternel Retour…

La suite ici, mais c'est payant…



On espère pouvoir reparler de ce livre dans lequel se cachent d'étonnantes curiosités…


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