Franklin J. Matthews




commentaire : on a lu Aucun Respect d'Emmanuelle Lambert, paru récemment aux éditions Stock, qui relate son expérience à l'IMEC, à la toute fin des années 1990, début des années 2000, et ses relations avec Alain Robbe-Grillet (et madame). Le livre est un peu décevant comparé à celui que l'autrice avait fait paraître sur le même Robbe-Grillet aux Impressions Nouvelles en 2009, Mon grand auteur, et que l'on avait adoré. 
Dans un passage, Emmanuelle Lambert raconte comment elle découvre, à l'occasion d'une de ses nombreuses visites chez Robbe-Grillet en Normandie, la vérité sur un certain Franklin J. Matthews, auteur d'un texte intitulé Un écrivain non réconcilié, qui sert de préface à l'édition poche (10/18, 1972) de la Maison de rendez-vous (1972) et dont un extrait fait office de quatrième de couverture. L'essai de Matthews, un universitaire américain enseignant en Australie, remarquable à plus un titre, sera longtemps utilisé et cité dans les nombreux textes critiques consacrés à Alain Robbe-Grillet. Jusqu'à ce que celui-ci, en 2001, dans Le Voyageur, révèle que Franklin J. Matthews et lui ne font qu'un, et qu'il est donc lui-même l'auteur d'Un écrivain non réconcilié. Ce qui, d'une certaine manière, donne encore plus de valeur à cette étude. On a bien envie de penser, sans en avoir la moindre preuve, que c'est Robbe-Grillet qui a suggéré la couverture de l'édition 10/18, sur laquelle il figure et fixe le lecteur d'un regard un rien narquois, comme pour dire “Je suis en train de te joueur bon tour…” Pour info, on trouve un autre texte, moins connu,  de Franklin J. Matthews, Dans l'engrenage de la nuit, dans le livre d'Alain Robbe-Grillet paru en 2004 chez Fayard, Scénarios en rose et noir.

Au passage, on s'avise soudain que l'anthologie des poésies de Michel Houellebecq parue en 2014 dans la collection Poésies de chez Gallimard s'intitulait Non réconcilié. Houellebecq a toujours été très critique à l'égard de Robbe-Grillet et de son œuvre, mais il l'a lu attentivement. Il n'est donc pas impossible que le titre de l'anthologie ait été inspiré, consciemment ou non, par un certain Franklin J Matthews…

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