À cheval sur mon bidet…


Photo extraite du livre - Colette dans un gymnase de la rue de Courcelles

commentaire : on lit le Willy, Colette et moi, curieux ouvrage de Sylvain Bonmariage trouvé récemment (ici). La chose est un peu dure à suivre, l'auteur ne cessant d'aller et venir dans le temps, et faire des digressions. Le résultat est à fois distrayant (il regorge d'anecdotes, l'auteur a côtoyé à peu près tout le monde) et insupportable (l'auteur, très content de lui, balance des jugements très discutables et rapporte des faits sujets à caution tant ils sont parfois énormes), et il est clair que l'ouvrage est en réalité un moyen pour Bonmariage de dire tout le mal qu'il pense de Colette. Le portrait qu'il dresse d'elle est terrible : une femme mal dégrossie, outrancière, calculatrice, au talent discutable et au physique peu flatteur (le livre est d'ailleurs apparemment rejeté par les admirateurs de Colette). La scène qui suit donne une idée du niveau. On est en 1906, l'auteur a 19 ans, et il est fou amoureux de Colette, qui en 33. 

Sachant Colette seule à Bruxelle, où l’on jouait Pan, je pris le train de nuit, débarquai à neuf heures du matin, me précipitai à l’Hôtel du Grand Miroir, où Colette me reçut dans sa chambre, au lit.
Un pied nu dépassait les draps. Il me parut énorme, noueux. Pour le reste, la toile et la laine voilaient, sans rien m'en révéler, les formes convoitées. Nous bavardâmes, l'accent bourguignon me faisant frémir, Colette couchée et moi assis au bord du lit.
Je me sentais tout différent d'un amoureux transi... Et je me surpris à me demander pourquoi je ne m'étais pas résolument rué à l'assaut de ce corps agile et musclé, de cette chair chaude… Colette semblait d'ailleurs avoir prévu cette offensive. Elle avait tiré les draps jusqu'au menton ; et seul le modelé expressif de son visage ironique, luisant, émergeait de la toile, avec ce terrible pied si décevant.
Soudain, dépitée peut-être, Mme Colette s'étire, exhibe deux bras musclés et des épaules admirables, bâille sans grâce et me dit :
— Je me lève. Nous irrrons déjeunerrr[1].
Alors, elle rejette les draps, saute comme un jeune jaguar et surgit toute nue devant moi, ébahi.
Il n'y avait pas de cabinet de toilette. Un paravent séparait le lavabo, le bidet du reste de la pièce. Et c'est derrière ce paravent que Lilith se réfugia.
Au son de l'eau qui glougloute, je me revois encore méditant la surprise de ce nu. Le buste était superbe, les seins tombant à peine. Mais les jambes, trop fortes, désharmonisaient l'ensemble des formes ; les reins et les lombes étaient ceux d'une lutteuse, les fesses s'avéraient énormes et plates… Dans une fumée, de cigarette s'adoucit mon désenchantement…
Soudain, l'eau cesse de couler. Et je sursaute au bruit d'un pneu qui crève… Colette rit en annonce :
« Un marron ». Nouveau rire, nouveau bruit : « Deux marrrons... ». Puis, de même : « Trrrois marrrons ». Enfin, dans un éclat d'hilarité : « C'est plus forrrt que moi. Le plaisirre de te revoirrr ! Faut qu'je pète !… Quatrrre marrrons. »
Il n'en fallut pas cinq pour me dégoutter complètement.
N'ai-je déjà dit que, plus tard, je devais apprendre que dans le genre, Léo Colette[2]ne réussissait pas moins bien ?


[1]Colette roulait des « r », apparemment, et Bonmariage ne se prive pas de le rappeler.
[2]Le frère de Colette.

Commentaires

  1. "Non mais pour qui elle s'prend celle-là pour la Bégum
    Après on devait aller danser au Voom-Voom
    En l'attendant je fais des vents des pets des poums

    Saint-Tropez c'est râpé pour toi pauvre clown
    Elle t'a pété dans la main cette fille-là, badaboum
    En l'attendant je fais des vents des pets des poums"

    chantait Gainsbourrrg (comme disait Colette)

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